Combat aikido chute

Pratiquez l’aïkido comme si vous étiez 10 ème Dan…

Dans notre société ou aujourd’hui pour préserver la paix sociale on assiste à un nivellement par le bas des connaissances … du savoir et donc du rapport à soi, aux autres … Il est important que nos jeunes générations souvent en perte de repère puissent trouver dans l’ attitude de leur enseignants des exemples sincères sur lesquels s’appuyer… Une phrase de mon professeur Jean-Paul Avy, me reviens en mémoire comme un « leitmotiv » à chaque fois que je monte sur un tatami…

« Pratiquez l’aïkido comme si vous étiez 10 ème Dan »…

En entendant cette sentence qu’il nous répétait avec un large sourire, j’aurai tout simplement pu hausser les épaules et ne pas y faire attention tant la tâche pouvait paraître abstraite… Pourtant cela a orienté depuis ce jour, chacun de mes entraînements… et je ne cesse aujourd’hui encore d’en renouveler le sens…

 

« Pratiquez l’aïkido comme si vous étiez 10 ème Dan » :

Au delà de ce qui pouvait être perçu comme une consigne « inaccessible »… il met apparu une évidence…
« Je ne sais pas faire grand chose… certes, mais qu’est ce qui m’empêche déjà, de me tenir droit… de baisser mes épaules… de travailler avec un peu plus de détermination, voir d’élégance si cela est possible, comme à l’image des ces maîtres d’ arts martiaux que j’avais pu voir dans des films documentaires… »
Comprendre que l’aïkido n’est pas qu’une discipline sportive véhiculant quelques idées philosophiques mais une véritable voie qui doit mener, si elle est vécue avec sincérité, à une transformation en profondeur de nos comportement, de nos attitude aussi bien physique que morale…

 

« Une maîtrise du corps qui doit aboutir à une liberté de l’esprit »…

Comprendre pourquoi pas, que cette liberté si évidente lorsqu’on voit évoluer un maître n’est pas forcément l’aboutissement d’une vie consacrer à son art mais « aussi » une condition préalable à l’état d’esprit que l’on doit avoir dès que l’on s’engage dans la pratique…

 

Une liberté synonyme de lâcher prise :

Un lâcher prise indispensable face aux difficultés que représente tout nouvel apprentissage…
Un lâcher prise face aux exigences et aux instructions parfois déstabilisante du professeur…
Un lâcher prise encore face à notre rapport à l’autre souvent compliqué et ainsi retrouver des valeurs de politesse, de courtoisie, de hiérarchie, de respect…
Et enfin un lâcher prise face à l’acceptation du principe que seul l’humilité et l’abnégation au travail doivent être les moteurs de notre recherche… que la sueur et la patience seront les garants de notre progression…

« Pratiquez l’aïkido comme si vous étiez 10 ème Dan » signifie donc :
Non pas de jouer « un rôle de composition » comme pourrait le faire un acteur…
« d’enfiler un déguisement » le temps d’une démonstration imposée…
Mais de véritablement tenter de se libérer, se « dépouiller » de tout nos préjugés physiques et intellectuels et d’adhérer complètement aux principes fondamentaux de notre discipline…
Le respect de l’étiquette, un bon Shiseï, , compréhension et fidélité à la technique, relâchement… Autant de critère d’exigence qui doivent inévitablement mener un pratiquant à la métamorphose…
L’ attitude est un préalable à la pratique autant qu’une résultante, et c’est pour cela qu’une technique réalisé quelque soit le niveau du pratiquant est un des principaux révélateurs de la sincérité de son engagement…

 

Répéter inlassablement la forme, pour en découvrir le fond… Par chance un jour en saisir le fond pour se libérer de la forme…

Il est parfois inquiétant de voir des élèves rechigner à faire ou refaire sans cesse Ikkyo, Nikyo, Sankyo…etc.
Comme si ils savaient déjà le faire ou l’avaient assez vu…
Comme si l’aïkido était une activité physique comme une autre ou l’important était avant tout de se distraire, de s’agiter l’espace d’un entraînement… et puis à la fin de l’année , comme dans un moment de lucidité, demander au professeur pourquoi après 4 ou 5 années de pratique ils ne pouvaient pas se présenter à l’examen de « Shodan » malgré l’approximation de leur travail…

 

L’aïkido est un Art…

Et c’est en ce sens là que tel un musicien, il est indispensable de travailler ses gammes inlassablement…Pour fortifier le corps et repousser progressivement les douleurs que la répétition des mouvements entraînent…
Pour sans cesse chercher à utiliser le moins d’ effort musculaire à l’accomplissement du geste juste… Pour raccourcir au maximum le temps d’information nécessaire au cerveau à commander l’action… Et pour aboutir enfin à la relation parfaite du corps et de l’esprit qui permettra l’improvisation quelque soit la situation proposé…
C’est pour cela que la technique, l’apprentissage de la forme est d’une importance capitale…
Il n’est absolument pas question d’oublier que l’ Aïkido est un « Budo » avant tout le reste mais je voudrais me permettre encore une analogie avec l’Art musical dans la relation Aite – Tori…
Travailler avec l’autre c’est se mettre au même « tempo »…. comme deux musiciens qui joueraient le même rythme…
Travailler avec l’autre c’est aussi s’harmoniser dans la rencontre… comme deux ou plusieurs artistes qui accordent leur instrument pour jouer la même partition…
Rentrer en contact avec l’autre… se mettre à son écoute – l ‘ accepter…
O’ Sensei disait: « l’aïkido est une voie pour aimer et protéger, créer et former, donner et cultiver toute chose dans l’univers. »
On voit trop de pratiquant sous prétexte d’une différence de niveau, de poids ou de taille travailler sans envie en attendant de trouver un partenaire plus en « adéquation » avec « leur recherche »… Est-ce qu’il se rendent comptent au moins de la vacuité de leur démarche… du temps perdu… et surtout du non respect ou de la non compréhension de l’ Étiquette…

 

« Pratiquez l’aïkido comme si vous étiez 10 ème Dan » signifie enfin :

Travailler dans la joie et avec bienveillance…

Il suffit pour s’en persuader de voir et revoir (pour ceux qui ne l’on pas connu) des films de maître Tamura lorsqu’il pratiquait… comprendre avec quel intensité son regard « d’aigle » pouvait lors d’une démonstration se transformer en une fraction de seconde en un regard rempli de bienveillance, de joie… Une joie qui irradier instantanément tout ceux qui se trouvaient à sa périphérie…

 

De la Bienveillance à l’Acceptation de l’ autre…

Ne pas être écraser par une attaque et en changer la direction, accepter la situation pour en changer l’issue…
Modifier fermement le déroulement du combat tout en protégeant l’intégrité de l’ agresseur…Ce sont ces principes qui nous ont tous amenés un jour à se passionner pour cette discipline et pourtant sur les tatamis, dès que le travail commence tout cela est oublié presque automatiquement…

 

« Pratiquez l’aïkido comme si vous étiez 10 ème Dan » :

Impose donc l’ humilité…

Il est important que les professeurs, les élèves enfants, adultes et anciens aient cette petite phrase toujours dans un coin de leur tête…
Non pas par prétention ou dans un désir d’élitisme … mais d’abord par envie de Liberté…
Cette liberté d’adhérer à des principes nobles donnant la possibilité de repousser nos limites…
Et surtout, je finirai par le plus important…
Par Humilité, par Respect et par Reconnaissance à nos Maîtres qui marquent leur temps et nous guident par leur aptitude, leur talent et pour certain leur génie…
Merci Jean-Paul pour la richesse de ton enseignement passé, présent et à venir…

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